Pensées en forêt (et pas en ville)
Posé sur une contraption ingénieuse consistant en deux longues et épaisses branches posées sur deux autres troncs parallèles gris et dûrs, je ressasse.
Assis en lisière d’une clairière forestière, j’entends le péché humain qui infecte les sonorités pures de ces bois sacrés.
Peut importe ou l’on va, on croisera toujours trace de l’être humain. « Expansionniste par nature », « poussé par la curiosité », « quel aventurier courageux ».
Certes explorer le vivant et le matériel est important dans une certaine mesure, mais se partager la richesse du monde comme si elle devait appartenir à quelqu’un, c’est absurde et mène au malheur.
Oser prétendre qu’un part infime de la réalité nous appartient, c’est preuve d’un manque de confiance et de certitude quand à notre place dans l’univers.
Explorer sans relâche et conquérir des nouveaux monde, c’est preuve d’une peur du plus grand mystère auquel l’être n’ait jamais été confronté : soi-même.
En s’addonnant à une tâche, et une seule et unique tâche sans relâche, avec un seul objectif en tête, sans prendre le temps de contempler, d’écouter, ni même de s’entendre, est la raison derrière le malheur du monde, et non pas l’argent.
L’esprit « rationnel » qu’on dit. La question à poser est : est-ce que la rationnalité peut tolérer l’existence des émotions humaines ? Le cerveau rationnel peut-il aussi tolérer la sensibilité ? la fragilité ? le bon et le mauvais ? Si elle ne tolère pas ces dernières choses, alors l’outil que l’homme occidental utilise pour analyser le monde nie l’existence-même de la conscience de son créateur.
Vivre, choisir de vivre en fonction d’arguments concrets, et penser que l’on est la voix de la raison, c’est la voie de de l’ignorance.
S’écouter soi-même c’est un travail bien plus complexe et difficile que de satisfaire ses désirs.
Une limace est lente, mais elle avance. Toi tu te crois rapide ? D’accord, mais de quelle utilité est cette vitesse si tu ne sais pas où tu vas ? « Il faut aller plus vite ! » à quoi l’on pourrait répondre « plus vite jusqu’où ? ».
Ne sois pas fier de tes talents si tu ne peux pas les utiliser à bon escient. Et surtout, ne sois pas fier de toi-même une fois t’être comparé aux autres. Ne sois pas non plus fier après avoir reçu des compliments, surtout si c’est ton unique source de satisfaction : sois simplement fier de ton existence, et d’avoir survécu et de survivre encore face aux aléas de vie. Toute fierté autre mène à la stagnation.