May 12, 2021

GRU et Basques.

Que trafiquent les services secrets militaires russes avec les indépendantistes basques ? Les accusations formulées par la Tchéquie et la Bulgarie à l’encontre de membres des services secrets militaires russes (GRU) nous imposent cette question.

En effet, ce sont les mêmes agents de Moscou qui ont fait sauter des dépôts de munitions dans ces pays, qui ont participé à l’empoisonnement de leur collègue transfuge Serguey Skrypal en Grande-Bretagne ou du négociant bulgare d’armes Emilian Grebev. Et ces mêmes hommes ont effectué des voyages à Barcelone aux moments les plus cruciaux du référendum sur l’indépendance de la Catalogne.

Après l'explosion du dépôt de munition à Vrbetica en Tchèquie

Sabotages, assassinats, manipulation de mouvements indépendantistes en pays étranger, toutes ces activités sont confiées par le Kremlin aux hommes de l’unité militaire № 29155 basée à Moscou. Cette dernière est spécialisée dans les opérations de diversion, piratage cybernétique inclus. L’infiltration de mouvements indépendantistes à l’étranger est donc une opération militaire selon leurs auteurs mêmes. Elles relèvent du Casus Belli et doivent être considérées comme telles par ceux qui les subissent.

Pour les spécialistes, il ne s’agit pas d’une révélation.  De tels actes sont des éléments de la guerre hybride définie par la stratégie Guerassimov, du nom du chef d’État-major des forces armées russes. La guerre hybride, c’est tout de même la guerre et ses morts ne sont pas hybrides.

Après la théorie, voilà la pratique : assassinats, infiltration de mouvements pour amplifier des conflits internes ou en susciter de nouveaux afin d’affaiblir, désorienter l’adversaire, pour lui faire perdre le contrôle de la situation dans son camp. Les cibles sont mouvements indépendantistes, contestataires les plus divers, médias, partis des néonazis aux anarchistes, peu importe. Le principal, c’est le résultat : semer le trouble.

Ces activités sont confiées à des criminels. Ils ont prouvé de quoi ils sont capables. Selon l’enquête commune de « The Insider », « Bellincat », « Der Spiegel » et « Repekt.cz », 150 tonnes de munitions ont été détruites et deux personnes ont trouvé la mort dans le sabotage de dépôt de munition en République tchèque. Ont pris part à cet attentat six agents du GRU, dont les officiers Petrov et Boshirov, de leurs vrais noms Mishkin et Chepiga, connus pour avoir empoisonné Serguey Skripal en Grande-Bretagne.

Mais nous nous intéresserons plus particulièrement à ceux qui ont effectué des voyages en Catalogne et en Grande-Bretagne au moment des référendums d’indépendance et du Brexit.

Cette carte publiée par « The Insider » montre comment six agents du GRU, par groupes de deux pour ne pas attirer l’attention, sont arrivés de Prague, Vienne et Budapest sur le lieu de leur forfait en Tchéquie.

Alexey Kalinin et Mikhail Opryshko, membres de l'unité 29155, sous couvert diplomatique avec une valise diplomatique, le 10 octobre 2014 à Budapest.  Par la suite, entre novembre 2016 et décembre 2017, ils ont effectué chacun un voyage à Barcelone. Alexey Kalinin est considéré comme l'un des agents les plus actifs du GRU. Un autre agent du GRU russe, le général Denis Sergeev, alias Sergei Fedotov, impliqué dans les tentatives d’assassinat à l’arme chimique en Grande-Bretagne et en Bulgarie s'est rendu à deux reprises en Catalogne. La deuxième fois, il est rentré à Moscou le 29 septembre 2017, deux jours avant le référendum d’indépendance.

Le général Averyanov, arrivé à Vienne le 11 octobre 2014 est le chef de cette unité militaire du GRU 29155. On le retrouve impliqué dans toutes les opérations de sabotage, de déstabilisation et assassinats à l’étranger, Catalogne incluse.

Nous aussi on y va. La Brigade basque au Donbass.

Ces informations nous imposent une question. Les rapports du mouvement indépendantiste basque avec les services secrets militaires russes ont été démontrés, notamment lors de guerre d’agression de Kremlin en Ukraine. On a vu des Basques armés arborant le drapeau basque en Ukraine, Gil Lur Rey, Ibaï Trébino, fraterniser avec des hommes des services secrets russes, Vladimir Surikov et Grigory Shalapok.

Ibaï Trebino et le club de football de Bilbao sous les drapeaux impériaux russes et soviétiques.

Le mouvement nationaliste basque, médias, syndicats, partis politiques, clubs sportifs doivent répondre enfin aux questions qui leur sont posées. Quels sont leurs rapports avec les criminels du GRU ? Sont-ils solidaires avec ceux des leurs « qui en feraient trop » ? Jusqu’à présence, la seule réponse a été silence et coups dans le dos.

Lorsqu’on a renoncé au terrorisme, on ne collabore pas avec des terroristes.

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