Où est MAGOMED GADAEV ?

Expulsé de France en Russie le 9 avril, les proches du Tchétchène Magomed GADAEV l’ont vu pour la dernière fois le 22 avril. Il avait été ce jour-là autorisé à voir sa mère et à lui parler. Après cela, l’homme a été emmené dans une direction inconnue. Depuis, on n’a plus de nouvelle de lui. La police tchétchène qui l’a enlevé refuse de répondre aux questions.

Père de cinq enfants, Magomed GADAEV était réfugié en France depuis 2010. Il s’était enfui de Tchétchénie, où il avait été détenu et torturé de longs mois. En France, il était dirigeant de l’association « Bart Marcho » et membre de « l’Assemblée des Tchétchènes d’Europe ». Par ailleurs, il était un témoin important dans une affaire d’enlèvement qui implique l’entourage de Kadyrov. En France, la Cour Nationale du droit d’Asile avait annulé son d’expulsion.

Puis, coup de théâtre, le 8 avril, nous apprenions qu’il avait été de nouveau arrêté et qu’un avion devait l’expulser le lendemain par une décision du ministre de l’Intérieur français. Les événements se précipitaient. Le 9 au matin, bien que Magomed se tailladât le ventre pour échapper à son expulsion en Russie, il se retrouvait à Moscou !

Arrivé à l’aéroport de Cheremetevo, il a aussitôt été arrêté par le FSB et interrogé pendant 12 heures, sans avocat ni nourriture. Une opération collective (des défenseurs des droits de l’homme, des avocats et Novaïa Gazeta) a réussi à le faire libérer et à le mettre en sécurité, évitant (provisoirement) que le FSB ne le remette aux autorités tchétchènes.  Peine perdue, le 11 avril, on apprenait que le lieu où il se trouvait était assiégé par la police du président tchétchène, Kadyrov ! Alertée, la police russe intervenait et… remettait le fugitif à ses collègues venus de Tchétchénie !  Le 22 avril, sa mère le voyait pour la dernière fois. Depuis, ses proches le recherchent désespérément.

L’expulsion de Magomed GADAEV par les autorités françaises a provoqué des réactions d’indignation de la part de personnalités certaines du sort qui lui sera réservé par le régime criminel du dictateur tchétchène Kadyrov en Russie. La journaliste Elena Milachina a retourné ses médailles de défense des droits de l’homme à la France et à l’Allemagne.   En France, Amnesty International et le Comité Tchétchénie ont tenté de faire annuler le décret d’expulsion et de faire revenir Magomed en France, où réside sa famille.  Extraits de leur communiqué : « La France viole ses obligations internationales et met en danger la vie d’un réfugié tchétchène en le renvoyant en Russie. »  « La décision du ministère de l’Intérieur fait craindre que d’autres expulsions forcées aient lieu. »  Le 10 mars, la CNDA, Cour nationale du droit d’asile, stipulait qu’il y avait lieu, concernant Magomed GADAEV, de s’assurer que les autorités polonaises, en cas de renvoi en Pologne, s’abstiendront de refoulement en Russie. (principe de non-refoulement, art. 33 - 2 de la convention de Genève)  Oleg Orlov (Memorial) : « Il n’y aucune raison de poursuivre Magomed GADAEV en Russie : officiellement, il n’y est pas recherché. Il n’a pas été extradé de France, mais expulsé (pour des raisons très douteuses et en dépit d’un jugement favorable). Donc, en Russie, il doit être libre. Sa détention à l’aéroport n’est absolument pas justifiée. »  Igor Kaliapine (Comité contre la torture) : « J’espère que la décision d’expulsion prise en France sera annulée, et que Magomed GADAEV pourra y retourner, retrouver sa famille. Car ici, en Russie, il n’est pas en sécurité. Expulsé (illégalement) de France, aucun autre pays européen ne l’accueillera. »  La diaspora tchétchène en France accuse : « Le ministre Darmanin sera tenu responsable juridiquement et moralement du sort de Magomed GADAEV ».

Douze ONG internationales ont condamné l’expulsion de Magomed par la France.  Amnesty International, Grajdanskoié Sodeïstvie, Civil Rights Defender, Komitet protiv pytok, la FIDH, HRW, Memorial, le Groupe Helsinki norvégien, OMST, Pravovaïa Initsiativa…

(Texte de Nouvelles de Tchétchènie).

marsDYAVCXXpRiBztTjFZz